Images vagabondes Pensées distraites

03 - 50 ans Studio, château tours. Test _MLT

2013 . Château de Tours. 50 ans des cinémas « Studio », avril  2013.

 

Images vagabondes

Pensées distraites

( à Antonioni, Blow-up, 1966 )

 

Deux idées maîtresses ont orienté mon travail : montrer l’emprise, la fascination de la lumière, des images quelles qu’elles soient, la magie et le ravissement qui  nous saisissent dans le lieu clos de la salle de cinéma – les Studio pour beaucoup d’entre nous- et, ce moment précis où la lumière s’éteint, magnifiquement conté par Marguerite Duras:

« (Elle) se sentit désormais invisible, invincible et se mit à pleurer de bonheur. C’était l’oasis, la salle noire de l’après-midi, la nuit des solitaires, la nuit artificielle et démocratique, la grande nuit égalitaire du cinéma, plus vraie que la vraie nuit, plus ravissante, plus consolante que toutes les vraies nuits, la nuit choisie, ouverte à tous, offerte à tous, plus généreuse, plus dispensatrice de bienfaits que toutes les institutions de charité et que toutes les églises, la nuit où se consolent toutes les hontes, où vont se perdre tous les désespoirs(..) «   ( Un barrage contre le Pacifique, 1950.)

Et puis il fallait dire aussi le surgissement de « l’ apparaître » , l’irruption de mondes, l’avènement de possibles énigmes.. Une géographie des apparences,

Ainsi, mon projet s’est-il construit à partir de cette pellicule obsolète et fragile. Sur un rythme musical. Des loupiotes fixées au mur éclairent une chaîne de photogrammes laissant le reste du film dans l’ombre. Les images apparaissent, se distinguent , elle ne se donnent pas d’emblée car aussitôt voilées. Ainsi voguent des formes vagues qui se livrent au plaisir malin du cache-cache. Le visible mis à mal se prend à flotter. Que voit-on finalement ? C’est tout entier le propos de Blow-up d’ Antonioni , 1966. Un froissement de feuillage dans un parc ; quelques clichés pris par un photographe. Et des photos qui au-delà des apparences révèleront d’autres images rendues à leur tour peu visibles par excès d’agrandissements.. Ainsi surgit le mystère..

Marie-Luce Thomas. Château de Tours, février 2013.