Quelques propos sur mon travail

 

 Quelques propos sur mon travail.

Soit un lieu où se déploient formes planes ou volumes, où le silence est de mise, l’opalescence la tonalité recherchée, le noir, l’ombre et la transparence le vocabulaire de base. Les matériaux par leur nature –plexiglas, aluminium, verre organique, calque, laque etc. – s’y frottent, se confondent, dialoguent pour créer un espace dont chacun est invité à faire l’expérience.

Définir son travail ? Il ne se situe pas dans le politique – sociétal, écologique, transculturel.. -, quoique… Il ne se satisfait pas du clos, du cadre, de la limite. Des catégories en somme. Même si la tentation est grande de s’y  rassurer. Il façonne plutôt des leçons d’équilibre, se laisse aller à des méli-mélo de brumes, d’échappées, d’effilochures légères, pratique le reflet et la transparence pour confondre l’avant et l’arrière, l’en deçà et l’au-delà. Il brouille les pistes de la reconnaissance, se joue des espaces disjoints, manifeste cette idée folle de rendre tangible le fragile, le fugace, le précaire.

Cette ligne tenue, quelles qu’en soient les figures, ces recherches têtues courtisent la lumière. Non comme simple agent physique qui prendrait sa place dans l’œuvre au même titre que les autres matériaux qui la constituent mais comme source de phénomènes tout à la fois surprenants et fascinants qui en perturbe l’élémentaire perception. Ainsi en est-il de l’écho en ses mirages furtifs, 2010, qui, par superposition d’écrans et effets de miroir, caché au regard, permet aux lignes évidées du papier de soie d’un premier plan de se réfléchir à loisir dans le second et d’être renvoyées sous leur seules traces lumineuses, immatérielles, instables, créant une chorégraphie fluctuante , insaisissable et seulement soumise aux variations de la lumière et à l’angle de vue du regardeur. Apparitions . Spectres. Un envers de l’endroit qui questionne le visible.

Par déplacements de procédés proches , remise en jeu de savoirs, recherches nouvelles et attrait de la mise en scène, cette chorégraphie contamine l’espace . Colonnes, volutes, vagues, plans spiralés, le plexi occupe la place. Entaillé, troué, poncé. Découpée dans sa chair, la ligne, écriture de lumière dans le papier évidé, se mue en serpentine poussée au blanc, Lignes de brumes ou d’écumes mêlant à ses linéaments le monde environnant, annulant ses contours, confondant espace de l’œuvre et espace du lieu. Absorption. Perte de repères. Flottement et traversées… Vivre ainsi l’impermanence du monde qui nous entoure, ses entre-deux incertains, son énergie puissante de transformation où l’idée d’infini s’invite discrètement comme une méditation poétique.

M-L T. mars 2008-déc. 2011.